NOUVEAUTES STAX (4/4)
Saturday, August 30th, 2008Le mythique label STAX revit grâce au rachat de Fantasy (détenteur des droits) par le fond de pensions Concord.
Deux axes sont définis :
-Travail du catalogue dont l’imminente réédition sur un même CD des deux live d’Otis Redding (Paris et Londres)
-Edition de nouveaux produits mélangeant d’anciens artistes maisons et d’autres venus d’horizons différents (un peu comme Erykha Badu qui ressurgit chez Motown !)
A tous seigneurs, tous honneurs. Commençons par les vétérans qui contribuèrent à écrire la légende.
Eddie Floyd, contre attente, ne se livre pas à son exercice préféré de « shouter ». L’album est en demie teinte très pop, country soul puisqu’on trouve dans ‘Til my back ain’t got no bone » ou « I don’t want to be with nobody but you » des accents empruntés à ce grand amateur du mélange des genres qu’est Solomon Burke. La nostalgie s’installe avec « I will always have faith in you » qui distille un son discrètement inspiré du concurrent de Memphis : Hi Records.
On lui pardonnera quelques titres aux influences trop marquées rock comme « Consider me » qui sans son accompagnement aux sonorités rock aurait pu être une splendide ballade sudiste. Le même grief peut être apporté à sa relecture de son énorme tube « You’re so fine ».
A consommer avec modération et discernement.
JCM
EDDIE FLOYD
EDDIE LOVES YOU SO
La note de Soul Corner : 3/5
On peut bien se demander qui a facilité la rencontre de Steve Cropper et de Felix Cavaliere. Le premier n’a plus besoin d’être présenté alors que le nom du second doit rappeler quelques souvenirs aux plus anciens puisqu’il fut le leader d’un groupe (The Young Rascals puis âge aidant The Rascals) qui eut son heure de gloire à la fin des années soixante avec des titres comme Groovin’ ou encore Good lovin.
Le résultat est à la hauteur des attentes, c’est-à-dire nul. Cavaliere distille un son pop rock passéiste aux airs de déjà cent mille fois entendus sans grand intérêt tandis que Cropper se contente de jouer le faire valoir sans doute guère convaincu. Sans grande inspiration, il s’ingénie à ressortir de bons vieux plans guitaristiques datant de l’époque de son album solo « With A Little Help From M y Friends ». Il n’y a, hélas, chez quelqu’un que l’on sait talentueux aucune envolée flamboyante. Le ronronnement s’installe vite y compris dans les instrumentaux (Cuttin’ it close) qu’on aurait aimé plus mordants voire plus incisifs à la manière de ses anciennes participations au sein de Booker T & The MG’s.
Enfin, le puriste Stax pourra noter une faute de goût faite par le designer de la pochette. S’il est sympa de sortir la photo d’un vieux « phono » (comme on disait à l’époque), il l’aurait été plus si le vinyle avait été un Stax première époque avec son célébre logo jaune ou bleu.
JCM
STEVE CROPPER & FELIX CAVALIERE
NUDGE IT UP A NOTCH
La note de Soul Corner 2/5
Il y avait tout lieu d’être circonspect en apprenant que Nikka Costa est une ancienne de la comédie musicale “Fame”. Passé quelques titres rock basiques (Stuck on you, Can’t please everybody), on se plait à découvrir une chanteuse qui délivre une soul matinée de funk. on y retrouve les influences de Chaka Khan période Rufus (Peeble to a pearl) ou encore celle plus rare de Minnie Ripperton (Keep pushing). L’air du temps semble propice au son Hi Records puisque Without love y fait discrètement allusion tandis que Loving you (certainement enregistré live en studio où s’illustre un B3 tout en nuance) est une splendide ballade où la dame délivre toute l’émotion qu’elle est capable d’impulser. Le genre semble l’inspirer puisque Someone for everyone est écrit à la manière des mélodies anglaises des années soixante.
JCM
NIKKA COSTA
PEBBLE TO A PEARL
La note de Soul Corner: 3/5
Enfin, la surprise est de découvrir le retour du vétéran Leon Ware. Homme à l’univers musical original (voir son splendide « Musical Massage ») il fut un instant compagnon de route de Marvin Gaye pour lequel il créa le fabuleux « I want you ». Si on voulait faire un raccourci hardi, on pourrait dire que Leon était l’inspirateur d’un Prométhée qui n’attendait que son créateur. L’empreinte fut telle que le chanteur ne s’en débarrassa jamais.
Aujourd’hui, Leon Ware retourne à ses amours et passions qui participent à lui donner une écriture particulière. C’est un romantique qui se complait dans les ballades romantiques. Les sonorités sont chaloupées lorsqu’elles ne sont pas empreintes de sons caraïbes (Hold tonight). La voix chaude, sensuelle qui tutoie celle des anges pourrait être le prétexte pour de multiples aventures charnelles. Au-delà de ce côté anecdotique, Leon Ware est un remarquable ciseleur de mélodies qui semblent lui sortirent des pores tant elles semblent personnelles voire vécues. Son interprétation est à la limite de la confidence murmurée à l’oreille. Il y a chez lui, comme chez Marvin Gaye, une sensibilité féminine qui ne passera pas inaperçue chez nos compagnes.
LEON WARE
MOON RIDE
La note de Soul Corner : 4/5